Loading

Ainsi soit-elle

Tels des gardiens immuables, les murs sont les témoins silencieux de nos vies. Tantôt protecteurs, tantôt geôliers, ils récoltent à leur surface la trace de nos existences. L’abbaye aux Dames, palimpseste de pierre, traversa presque un millénaire chargée d’un pan de l’histoire de la ville de Caen. Une histoire écrite par les vies qu’elle a abritées.

En l’honneur de son 950ème anniversaire, Adrien Lefebvre et Romain Lepage entreprirent une collaboration pour réactiver la mémoire enfouie en ces lieux. C’est dans la salle capitulaire, dite aussi salle Robert le Magnifique, que les deux jeunes artistes engagent leur dialogue. Le choix de cet espace est on ne peut plus symbolique. Cette salle fut la seule où la parole fut autorisée, c’était le seul lieu où la voix des nonnes pouvait résonner avant de retomber dans le mutisme propre aux préceptes bénédictins.

Les œuvres des deux plasticiens pour la présente exposition s’appuient sur les spécificités architecturales et acoustiques des lieux. Les murs anéchoïques installés par Romain Lepage au premier regard sèment le trouble. Outre leur présence imposante, leur composition pourrait prêter à la confusion. Faits d’un simulacre de pierre de Caen, le doute s’installe quant à leur origine. Furent-ils construits conjointement à cette bâtisse ou sont-ils des sculptures contemporaines ? Quoi qu’il en soit, leur massivité matérialise un silence caractéristique de l’abbaye, un silence qui s’est substitué aux débats et aux réunions qui animèrent autrefois la salle capitulaire.

En contrepoint à ce premier projet, Adrien Lefebvre entama une récolte des ambiances sonores du bâtiment. Il enregistra les rumeurs inopinées ainsi que le bruissement des activités environnantes. C’est à partir de cette diversité de matières qu’il a restitué la polyphonie de l’établissement. Et c’est au moyen de quatre haut-parleurs directionnels que ces sons sont diffusés, installés sur des structures rotatives. Ils balayent ainsi les différentes surfaces de la salle dans laquelle ils répandent aléatoirement les bruits de l’édifice. Toutefois, les sons ne sont clairement perceptibles que lorsque le spectateur se retrouve – parfois de manière fortuite – en face d’un des haut-parleurs.

Le dialogue mené par Adrien Lefebvre et Romain Lepage n’est pas réductible à leurs productions. À leur échange s’ajoute une multitude de voix : une convergence des échos du passé et des murmures du présent qui perpétuent l’histoire de l’abbaye aux Dames.

Mark Rakotoarivelo, texte de l’exposition Ainsi soit-elle.

Ainsi soit-elle
Ainsi soit-elle, 2016
En collaboration avec Adrien Lefebvre
Les murs
Béton cellulaire, poussière de pierre de Caen, poussière de pierre de Creuilly, chaux, mortier
300 x 250 x 50 cm
Photographie © Hugo Renard
Ainsi soit-elle
Ainsi soit-elle, 2016
En collaboration avec Adrien Lefebvre
Les murs
Béton cellulaire, poussière de pierre de Caen, poussière de pierre de Creuilly, chaux, mortier
300 x 250 x 50 cm
Photographie © Hugo Renard
Ainsi soit-elle
Ainsi soit-elle, 2016
En collaboration avec Adrien Lefebvre
Les murs
Béton cellulaire, poussière de pierre de Caen, poussière de pierre de Creuilly, chaux, mortier
300 x 250 x 50 cm
L'écho
Haut-parleurs directionnels, moteurs, structures acier, lecteurs audio
Photographie © Hugo Renard
Ainsi soit-elle
Ainsi soit-elle, 2016
En collaboration avec Adrien Lefebvre
Les murs
Béton cellulaire, poussière de pierre de Caen, poussière de pierre de Creuilly, chaux, mortier
300 x 250 x 50 cm
L'écho
Haut-parleurs directionnels, moteurs, structures acier, lecteurs audio
Photographie © Hugo Renard